A la découverte des Misérables de Victor Hugo

Les élèves de 4e2 et de 4e3 ont abordé la célèbre œuvre de Victor Hugo, Les Misérables.

Suite à leur lecture, ils ont fait fait plusieurs personnages du roman en les imaginant invités sur le plateau d’un journal télévisé.

Voici, en texte et en images, le contenu de ces échanges !

Merci à Marie et Annabelle ainsi qu’à Amélia, Stella et Kübra d’avoir bien voulu partager leur travail.

Victor Hugo, Gavroche à onze ans, 1850.

Un entretien avec Gavroche

Journaliste- Bonjour monsieur Gavroche. Puis-je prendre quelques minutes de votre temps ?

Gavroche- Bien le bonjour chère journaliste des temps modernes. Evidemment que tu peux me prendre quelques minutes. Mais pitié ! Enlève ce vouvoiement de ta bouche !

Journaliste-gênée-Oh… Excuse-moi. Mais ; merci, alors, commençons.

Dis-moi, as-tu bien vécu lorsque tu étais plus jeune ?

En compagnie de tes parents sans doute ?

Gavroche- hésitant- Humpf… Disons seulement que j’étais. Ils me connaissent sans vraiment le souhaiter. Ma mère me déteste et mon père ne songe en aucun cas à moi.

Journaliste-  Je vois. J’en conclus donc que tu vis par toi-même. Ce n’est pas trop dur pour toi ? Cette solitude pour ton âge. N’as-tu point de frères et sœurs ?

Gavroche-Sache que je me porte bien. J’ai trouvé refuge dans l’éléphant, place de la Bastille, c’est là que je vis, tout seul. Je suis un mioche débrouillard et indépendant alors je n’ai en aucun cas besoin de quelqu’un. Du matin à la sorgue je suis dehors à prendre l’air. Je sais bien que je ne suis pas enfant unique, j’ai deux frères et deux sœurs. Seulement, mes frères sont si jeunes que je ne les connais pas vraiment et mes sœurs ont très vite été éloignées de moi.

Journaliste- Ton langage est bien particulier ! Qu’est-ce donc que la sorgue ? Tu dis que tu es un mioche ? D’où viennent donc ces mots-là ? Où as-tu appris ça ?

Gavroche- On appelle ça l’argot. La sorgue, c’est la nuit;    la pègre c’est le vol et la pégrenne c’est l’enfer. J’ai appris cela par ma mère, la rue bien entendu. A la base ce n’était qu’une langue inventée sous Napoléon pour les voleurs, pour qu’ils puissent discuter de leurs mauvais plans même sous l’œil de l’autorité. Mais cela a bien changé, maintenant c’est une langue répandue, même si ce n’est que dans les rues.

Journalise- Dis-moi petit…

Gavroche-le coupant- Oh ! Petit toi-même !

Journaliste- Excuse-moi… Dis-moi simplement : Comment occupes-tu tes journées ?

Gavroche- Pendant la journée, je me balade, j’observe, j’aide quand il le faut ou quand on me demande. Je vole pour me nourrir et je cours pour ne pas me faire attraper.

Journaliste- Ne pleures-tu donc jamais !?

Gavroche- Bien sûr que non ! Pleurer c’est pour les moutards, les jeunes faibles et fébriles. Un grand comme moi ne pleure pas voyons, pleure c’est crétin, on a l’air d’un veau.

Journaliste- Je vois, tu es un jeune homme fort et non pas un moutard. Parlons à présent de tes exploits, de tes nombreux exploits faits dans ta grande bonté. Raconte-moi donc ton premier acte de bravoure.

Gavroche- J’en ai fait des exploits. Je dirai que le premier est celui où j’ai abrité deux jeunes de ces moutards que l’on trouve dans la rue. Je les ai vus demander charité, qu’on leur a d’ailleurs refusé, ils se sont mis à pleurer, je les ai hébergés. Sans même le savoir je venais de sauver mes deux frères de la famine et de ce monde si dur et si effroyable.

Journaliste- Sauvé tes frères ! Quel bon acte inconscient ! Il me semble d’ailleurs que ce n’est pas la seule fois où tu sauves un membre de ta famille, je me trompe ?

Gavroche- Cela est juste. Il eut un jour où Montparnasse un de mes fidèles acolytes est venu me chercher à mon domicile. Il m’a appelé car il lui fallait un homme menu et agile, qui d’autre que moi aurait pu le faire ? Je ne le sais pas. Alors j’y suis allé, j’ai dû y sauver un homme qui s’échappait de prison en le cherchant sur le toit et grimpant par un tuyau. Seulement, à peine arrivé sur le terrain, voilà que Gueulemer m’interpella et osant penser que je n’y arriverai pas, me demanda d’un ton monotone et méprisant si je suis un homme ! Je lui ai rétorqué fièrement sur un ton vif « Un môme comme mézig est un orgue et des orgues comme vousailles sont des mômes ! ». Après mes dires, j’ai sauvé la vie d’un homme, celle de monsieur Thénardier, celle de mon père.

Journaliste- Tu es le héros de ta famille alors, le petit avec une grande âme. L’enfant d’une bonté égale à celle d’un archevêque. Tu as sauvé la vie de deux membres de ta famille, quelles fabuleuses réussites ! Parlons à présent de ton dernier exploit, celui qui te coutera la vie…

Gavroche- Dis-moi ce que tu veux savoir et je te conterai mon histoire.

Journaliste-Tu es mort lors d’une bataille n’est-ce pas ? Raconte-moi pourquoi.

Gavroche- Une bataille ensanglantée… Un homme nommé Marius avait pourtant essayer de me protéger… Il a tenté, mais il a échoué. Le soir précédant l’incident, il m’a chargé d’une mission, celle de distribuer une lettre à sa belle, sa Chosette ou Cosette je ne sais plus à vrai dire. Il m’a demandé de lui livrer le matin, en écoutant cela,  j’aurai pu rester en vie, échappant au massacre du lendemain matin. Mais j’ai décidé de partir donner sa lettre à la demoiselle le soir-même. Je fus de retour sans doute bien trop tôt.

Journaliste- Où veux-tu en venir ? Comment as-tu pu risquer ta vie jusqu’à la perdre ? La situation que tu me décris n’est guère simple ou même enviable mais elle n’est pas dangereuse pour toi.

Gavroche- Chaque chose en son temps madame. C’est la suite de mon histoire qui me mena à ma perte. Lorsque je fus revenu, bien connu des révolutionnaires placés derrière la barricade, je fus en sureté. Seulement, la bataille continuait, les balles ne cessaient de retentir et les canons finirent par épuiser leurs munitions dans leurs rugissements violents et incessants. Les combattants presque sans ressources, se retrouvèrent inutiles, les morts, des deux côtés ne cessaient pourtant de tomber. J’ai alors décidé de sortir, en dehors de la barricade, je suis parti chercher les balles perdues des combattants morts. Je jouais à je ne sais quel cache-cache sanglant avec la mort. Les balles jouaient autour de moi, sans même me toucher. J’ai cherché, trouvé et ramassé de nombreuses balles en chantonnant… Mais à cet instant, à force de jouer avec la mort, elle réussit à m’atteindre et moi aussi je sombrai peu à peu, jusqu’à m’éteindre.

Journaliste- Une grande âme dans un petit corps… Merci pour cet entretien, tu resteras dans ma mémoire tel un homme bon.

Marie Lemberger et Annabelle Claude, 4°2

11 février 2021

Un entretien avec Jean Valjean (Amélia, Stella et Kübra)

(Les 2 journalistes attendent impatiemment Jean Valjean sur un banc)

-Ah tiens, le voilà qui arrive ! (tout bas à l’autre journaliste)

– Pile à l’heure ! (à l’autre journaliste)

– Mesdames… (avec une révérence)

– Bonjour / -Wouawww

– Ma collègue m’avait prévenu que ce serait impressionnant de vous rencontrer mais je ne pensais pas à ce point. Je vais essayer de ne pas en perdre mes mots !

– (rires)

– Installez-vous, monsieur Valjean.

– Commençons, nous sommes impatientes.

– Eh bien… je suis fin prêt.

-Comment fut votre enfance ? Aviez-vous des frères et sœurs…une famille ?

-Mon enfance n’était du moins ordinaires…elle fût extrêmement difficile. Je m’explique. Ma mère Jeanne Mathieu et mon père Jean Valjean…

-Ah tiens, c’est marrant…il vous a donné son nom.

-Oui mon père s’appelait Jean Valjean…ou Vlajean, qui est une contraction de ‘’voilà Jean’’.

-Merci pour ces précisions. Oh mince pardon, je vous ai coupé la parole toute à l’heure, je vous en prie reprenez.

– Ce n’est rien. Ma mère et mon père ont eu ma sœur avant moi. Je suis issu d’une famille pauvre de paysans de la Brie. Ma sœur et moi avions perdu nos parents alors que j’étais encore en très bas âge. Ma sœur et son mari m’élevaient convenablement, jusqu’au jour où son mari mourut. Leurs 7 enfants, dont l’aîné n’avait que 8 ans, ne pouvaient travailler. Je venais d’atteindre ma vingt-cinquième année et remplaça le père en devenant émondeur de Faveroles pour nourrir ma sœur et mes neveux.

– Intéressant…Pourquoi avez-vous été contraint d’aller au bagne ?

– J’ai dû aller au bagne car j’ai volé du pain pour nourrir ma famille.

– Dites-nous…pourquoi était-ce compliqué de trouver un abri ou une auberge à la sortie au bagne ?

– Personne n’a voulu de moi. Il est vrai que mon passeport jaune et mon passé d’ancien forçat faisaient peur et n’ont rien simplifié.

– Justement, n’était-ce pas à ce moment-là que vous rencontrez Mon Seigneur Charles-François-Bienvenu MYRIEL ?

-Si. J’étais dans une auberge, où ils m’ont renvoyé justement à cause de mon passeport jaune ; puis j’ai été allé voir le guichetier d’une prison qui ne m’a pas ouvert ; ensuite, je suis allé dans la niche d’un chien…même ce chien ne voulait pas de moi…à croire qu’il avait aussi peur de mon passé ; pour finir, je suis allé coucher à la belle étoile, seulement, elles étaient inexistantes. Je pensais qu’il pleuvrait et suis entré dans un village où une bonne femme m’a indiqué de frapper chez Mgr Myriel. Il m’accueilli sans poser de questions, m’ouvrit son cœur, m’accorda de la bienveillance, me nourrit et m’hébergea. Un homme bien qui avait même éprouvé de la pitié et qui, voyait en moi, un homme bien. Sans son aide et sans son cœur, je serais retourné au bagne, car j’ai volé, chez lui !

– Quelle était votre sensation après avoir volé les 40 sous de Petit-Gervais ?

– Je me sentais misérable, j’avais tenté de l’appeler, vainement, pour les lui rendre, mais je n’avais plus de voix et je n’arrivais même plus à me tenir debout. J’avais faim de renouvellement dans ma vie et c’est de ce renouveau qu’est né un nouvel homme.

– Pourquoi le nom de M.MADELEINE ?

– Marie Madeleine était le nom d’une ancienne prostituée devenue honnête femme dans la Bible.

– Ahhhh tout s’explique ! Comment s’est passé la rencontre avec Fantine ?

– Lorsque je l’ai rencontré, je l’ai épargné de six mois de prisons. Je me sentais coupable…c’est moi qui l’avait renvoyé de son travail parce qu’elle avait une fille illégitime. Je lui ai alors fait deux promesses.

– Et quelles furent ces promesses ?

– Fantine était gravement malade et voulait revoir une dernière fois sa fille Cosette. Je lui ai promis qu’elle la reverrait. J’avais aussi donné ma parole de prendre soin de Fantine et de sa fille afin qu’elles ne manquent de rien.

– Avez-vous tenu ces promesses ?

– J’ai malheureusement pu en tenir qu’une puisque Fantine est morte avant que je n’eus le temps de faire quoi que ce soit. J’ai en revanche pris soin de sa fille à sa mort.

– Pourquoi avez-vous été choqué quand vous avez découvert que Cosette était l’enfant pauvre que vous avez aidé ?

– J’étais surpris de la voir dans cet état-là, car Fantine m’avait dit qu’elle était heureuse, qu’elle se portait bien et que les Thénardier prenaient soin d’elle.

– Pourquoi avez-vous adopté cette enfant ?

– Je l’ai adopté pour deux raisons. Premièrement, j’avais promis à sa mère de prendre soin d’elle ; et deuxièmement, j’ai vu qu’elle n’était pas heureuse. Les parents Thénardier ne s’occupaient pas bien d’elle, au contraire, elle était leur servante à 8 ans.

– Est-ce qu’à un moment, vous avez pris l’initiative de donner à Cosette le nom de sa mère ?

– Oui, à ma fin de vie. Je lui ai dit de retenir ce nom et de se mettre à genoux chaque fois qu’elle prononcera son nom.

– Savez-vous que vous êtes en parti responsable du suicide de l’inspecteur Javert ?

– Javert disait qu’il souhaité être irréprochable; or il l’avait trahila société pour rester fidèle à sa conscience en ne vous arrêtant pas.

– Ah ouiiiii….ma condamnation à perpétuité !

– Non je ne sais pas. Pourquoi donc ?

– Il vous devez la vie, vous, qui était pour lui, un malfaiteur, il accepta cette dette et vous la remboursa en vous libérant.

– Ah d’accooord….Je ne le savais pas…Merci de me mettre sa mort sur la conscience (rires)

– Oh pardon, excusez-moi je ne voulais pas….

– Je plaisantais (rires)

– Ah vous m’avez fait peur (sourire)

– Pourquoi ne pas avoir dit à Marius  que vous étiez son sauveur ?

– Marius m’aurait fait rester auprès d’eux et je ne voulais pas gêner.

– J’ai une question pertinente à vous poser. D’ailleurs, tout le monde se la pose.

– Allez-y je vous écoute ?

-Pourquoi ne vous vous êtes pas rendu au mariage de Cosette et Marius ?

– Je devais signer le consentement de leur mariage, et je ne pouvais pas me permettre de signer étant donné que j’étais censé être décédé.

– Je comprends… Mais Cosette ne savait donc pas que vous étiez M. Madeleine, après avoir été au bagne ?

– Non, je ne lui ai pas dit auparavant.

– Ah très bien…

– J’en ai une moi aussi…Une question pertinente.

– Oui ?

– Savez-vous pourquoi Thénardier vous penser criminel ?

– Oui, il pensait que j’avais tué, et Javert, et Marius. Il croyait Marius mort quand je le transportais dans les égouts, après l’avoir sorti de la barricade.

– Une dernière question.Pensiez-vous mourir heureux ?

– Oui, je ne pensais pas, j’en étais certain. Je mourrais heureux et j’en avais la certitude. Pourquoi ? Eh oui j’ai l’habitude des journalistes…(rires)… J’ai rendu Cosette heureuse en la confiant à Marius. C’est pour cela que j’ai tout fait pour sauver cet être afin qu’il puisse rendre à son tour ma tendre Cosette heureuse.

– Merci beaucoup ! C’était un plaisir, mais surtout un honneur de partager ce moment avec vous.

(Jean Valjean quitte la scène et les journalistes parlent entre elles)

– Je vous avoue que j’ai également apprécié ce moment de partage ! Merci et au revoir.

-T’as vu t’as pas perdu tes mots (rires)

– Merci d’avoir répondu présent à notre invitation, d’avoir consacré du temps et d’avoir partagé un bout de votre vie héroïque avec nous.

– Oui (rires)

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